Au moment où l’usine de la Canadian International Paper Company à Gatineau est construite, l’industrie forestière connaît une crise de surproduction importante. L’abaissement du prix de vente du papier qui la caractérise accule plusieurs petits entrepreneurs à la faillite. Malgré la prolifération des papetières au Québec, la compagnie implante tout de même une usine importante qui produit aussi du papier.
La réussite de la Canadian International Paper Company vient du fait qu’elle a immédiatement diversifié sa production. Dès 1926, l’année même de la construction de l’usine de Gatineau, elle crée la Gatineau Power.

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Cette filiale, axée sur le développement hydroélectrique, vend son électricité aux grandes compagnies et ne vise aucunement la consommation domestique. Entre 1925 et 1929, elle érige au moins trois barrages sur la rivière Gatineau (du nord au sud : Paugan, Chelsea et Farmers Rapids) ainsi que deux réservoirs. En quelques années, elle absorbe tous les producteurs d’hydroélectricité régionaux, exception faite des installations appartenant à ses concurrentes la E.B.Eddy et la James Maclaren. En s’appuyant sur l’hydroélectricité produite par sa filiale, la Gatineau Power, la Canadian International Paper Company augmente ses revenus au moment où la production de papier n’est pas avantageuse.
La compagnie cimente aussi sa présence dans le secteur des produits connexes à l’industrie forestière alors qu’en 1928 elle se porte acquéreur de l’International Fiberboard. Par l’achat de cette compagnie, elle élargit sa production aux cartons-planches, ce qui lui permet de faire face à la compétition des papetières concurrentes.
La diversification de la Canadian International Paper Company, entre autres, dans les secteurs des produits connexes à l’industrie forestière, mais surtout de l’hydroélectricité, a permis à la compagnie d’être compétitive à un moment où une crise de surproduction frappait son secteur principal d’activité.
L’état de New-York est le témoin, en 1898, de la formation de l’International Paper qui deviendra plus tard l’International Paper and Power Company, résultat de la fusion de dix-neuf compagnies. Bien qu’elle ait déjà des filiales au Québec dès 1919, l’International Paper n’a pas l’intention de s’installer massivement au Québec. Ce n’est qu’après que le gouvernement fédéral ait adopté une loi prohibant l’exportation du bois à pâte, en 1910, que la compagnie s’implante dans la belle province. L’épuisement des ressources forestières américaines et l’attrait du pouvoir hydrologique des rivières québécoises incite aussi la compagnie à construire au Québec et en Outaouais.
La Canadian International Paper Company, la filiale canadienne spécialisée dans la production de papier, est incorporée en 1916. Une première usine est construite en 1919 et débute sa production en 1920 à Trois-Rivières. L’usine de Gatineau ouvre ses portes quelques années plus tard, en 1926.
Peu est connu des directeurs qui assuraient la gestion de l’usine. Les documents de la compagnie sont peu bavards à leur sujet. Les quelques noms qui suivent ont été retracés dans les rapports mensuels des travaux effectués. Ces derniers sont toujours signés par le directeur de l’usine.
Du début des années 1940 jusqu’en novembre 1948, un dénommé J.-C. Monty était en charge de l’usine. Il est remplacé par A.-W. Simpson qui occupe ce poste de décembre 1948 à août 1956. Il est à son tour remplacé par C.-F. Walker qui reste en poste au moins jusqu’à la fin de 1958. L’historiographie régionale ne révèle pratiquement pas d’information à leur sujet et une recherche plus approfondie sur ces personnages serait intéressante.
Dès 1924, l’industrie des pâtes et papiers connaît un financement massif provenant des entrepreneurs américains en quête de nouvelles ressources forestières. Cet investissement est motivé par un épuisement des ressources forestières américaines et par la demande croissante de papier journal des marchés américains. Plusieurs entrepreneurs américains décident alors de s’implanter au Québec afin de pourvoir à leurs besoins en matière première. Odette Vincent-Domey, dans le chapitre sur L’industrie et le monde du travail publié dans l’Histoire de l’Outaouais de l’Institut québécois de recherche sur la culture, qualifie ce mouvement d’offensive américaine.
Chose certaine, le nombre de pulperie et de papeteries est en croissance rapide. En 1901, le Québec comptait neuf complexes industriels produisant des pâtes et papiers (dont un en Outaouais : celui de la E.B.Eddy Company à Hull) ainsi que neuf papetières et neuf pulperies. En 1931, la situation est bien différente, le Québec compte vingt-deux complexes industriels produisant à la fois des pâtes et du papier (dont trois en Outaouais), treize papetières ainsi que 11 pulperies. Le nombre grandissant de producteurs de papier engendre la saturation du marché et cause la chute du prix du papier. Cette crise connaît son apogée en 1934 et ne se résorbe qu’après que le gouvernement canadien impose un prix minimal de vente du papier.
La saturation du marché et la chute du prix de vente du papier affectent grandement tout les petits entrepreneurs. C’est ainsi que la Riordon Pulp and Paper, héritière des Gilmour se voit dans l’obligation de fermer. Le gouvernement québécois afferme ainsi les quelque 3 600 kilomètres carrés de terres publiques dont jouissait cette compagnie avec la condition de construire une usine dans la région de l’Outaouais.
La Canadian International Paper Company, une filiale de l’International Paper and Power Company, aquiert les droits de coupes d’un important territoire de la vallée de la rivière Gatineau et de la rivière des Outaouais et construit une usine à grand rendement dans la municipalité de Templeton-Ouest qui devint par la suite le village de Gatineau. Cette usine de la nouvelle génération, comme le désigne Jean-Pierre Charland dans Les pâtes et papiers au Québec, 1880-1980, combine à la fois pulperie et papeterie en un seul centre industriel qui assure la transformation du bois en pâte, puis en papier journal.

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Gaffield, Histoire de l’Outaouais, p.279
Charland, Les pâtes et papiers au Québec 1880-1980, p. 116 et 128
Gaffield, Histoire de l’Outaouais, p.278 à 280
Les concessions forestières de la Canadian International Paper Company sont très vastes et couvrent une partie importante du territoire de l’Outaouais, incluant principalement la vallée de la rivière Gatineau, mais ne s’y limitant pas. D’importants territoires de coupe de la compagnie sont situés ailleurs au Québec. D’ailleurs un territoire qui attire aussi notre attention dans le cadre de cette exposition se situe en Abitibi-Témiscamingue. Ces territoires, du moins en ce qui concernent ceux de la vallée de la rivière Gatineau, ont été affermés à la compagnie en 1926 à la condition qu’une usine soit construite dans la région. Auparavant, la concession était détenue par les Gilmour qui ont aussi joué un rôle majeur dans l’industrie forestière régionale.
Si la crise de surproduction et de saturation des marchés caractérise la période pendant laquelle la compagnie obtient les droits de coupe sur ce vaste territoire, l’industrie profite néanmoins de réductions importantes sur les droits de coupe redevables au gouvernement provincial. Il faut noter que les tarifs redevables sont définis par le lieutenant-gouverneur suite aux recommandations du ministre des Terres et Forêts. Les fonds d’Aimé Guertin et de la James Maclaren Company présentent quelques informations relatives à l’évolution de cette rente foncière entre 1919 et 1932, années pour lesquelles la rente foncière sera de 6,00$ le mille carré. Puis elle augmente à 8,00$ le mille carré de 1924 à 1929.

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Les arrêtés en conseil définissent aussi les redevances imposées sur chaque variété d’arbre. Pendant la crise économique, plus précisément en 1932, la rente foncière est abaissée à 5,00$.
Comme une rente est exigée par le gouvernement pour la location d’une superficie de dimension variable, les entrepreneurs tentent de protéger leurs concessions forestières du mieux qu’ils le peuvent contre tout risque de détérioration ou même de perte de bois.
Bien que la compagnie participe activement à la protection de la forêt contre les incendies, c’est sous l’angle de la prévention contre les ravages causés par les insectes qu’est présentée son action . Stéphane Castonguay, dans son volume intitulé Protection des cultures, construction de la nature : Agriculture, foresterie et entomologie au Canada, 1884-1959, présente la participation de la compagnie à l’épandage aérien au Nouveau-Brunswick. De plus, elle participe activement à de nombreuses études visant à comprendre le cycle de vie et de reproduction des insectes dévastateurs afin d’en réduire la prolifération.

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Le douzième rapport de la division de la protection des forêts du ministère des Terres et Forêts, intituléForest Entomology (1950), présente les différentes infestations d’insectes dans les forêts du Québec. On constate que l’Outaouais n’est pas épargné et qu’à cette époque une infestation majeure, causée par la tordeuse des bourgeons de l’épinette, décimait les concessions forestières régionales. Cette infestation sévit surtout sur le territoire de l’Outaouais et les autres compagnies forestières participent activement à la protection. La James Maclaren Company reçoit un rapport sur l’étendue de l’infestation sur ces terres en 1949, puis en 1953. Ce dernier rapport présente la diminution importante du nombre de tordeuses de bourgeons de l’épinette sur le territoire de l’Outaouais. Pendant cette période, la Lower Ottawa Fire Protection Association Limited a envisagé d’acheter un hydravion qui lui permettrait à la fois de procéder à l’épandage aérien et d’assurer une meilleure approche à l’extinction des feux. Les documents conservés ne révèlent pas si l’hydravion a été acheté ou non.
La drave est certainement l’activité reliée au transport du bois qui a le plus marqué la mémoire collective. Aujourd’hui, les traces de ces activités ont disparu du quotidien, et les images conservées de ces hommes en équilibre sur un billot gardent un caractère particulier.

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Pourtant, dès le dégel des principaux cours d’eaux, de nombreux travailleurs de chantiers s’afféraient à guider les billots de bois coupés au cours de l’hiver vers les principales installations des entrepreneurs forestiers. Les billots de bois à destination de l’usine de la Canadian International Paper empruntent la rivière Gatineau, depuis Maniwaki où est situé le principal centre de recrutement de bûcherons de la compagnie. Les billots à destination du moulin à scie ou de la pulperie de la James Maclaren Company sont flottés sur la rivière du Lièvre, puis ceux à destination des installations de la Gillies Brothers & Co. empruntent principalement les rivières Coulonge et Schyan.
CLes conditions de travail de ces draveurs, sont si étroitement liées à celles des travailleurs de chantiers qu’elles y sont souvent confondues et échappent à l’historiographie. On peut néanmoins à l’aide des livres de chantier conservés dans le fonds de la James Maclaren Company, avoir quelques informations intéressantes relatives à la période pendant laquelle la drave est effectuée. Les conditions de travail des draveurs est similaires d’une compagnie à une autre puisque le travail consiste ni plus ni moins à acheminer le bois vers les scieries des différentes compagnies. En mai 1889, les draveurs effectuent des achats divers et obtiennent parfois des avances salariales. Les quelques noms à consonnance francophone des draveurs inscrits au livre ne sont d’ailleurs pas étrangers à la région. Plusieurs draveurs sont reliés aux familles qui peuplent la vallée de la Lièvre. Mentionnons Séraphin Villeneuve, Charles Cuillerier, Louis Longprée, Joseph Rousselle ou encore Gilbert Presseau. Ces quelques draveurs ont marqué leur époque et comptent aussi de nombreux descendants en Outaouais.
Source sonore : Ernest Morin : Collection Société historique de la région de Mont-Laurier, série témoignages oraux, ruban # 03
Au cours de l’hiver 1933-1934, une grève importante secoue l’industrie forestière. Cette fois, ce ne sont pas les travailleurs en usine qui déclenchent un arrêt de travail, mais bien les bûcherons. La grève éclate en Abitibi-Témiscamingue et affecte plusieurs employés de la Canadian International Paper Company. Le gouvernement dépêche deux enquêteurs sur les lieux : Maxime et Louis Morin. Les rapports qu’ils déposent ont permis de retracer les grandes lignes du conflit, ainsi que les conditions de travail dans les chantiers à cette époque. Il existe néanmoins des divergences importantes entre les deux rapports.
Celui de Maxime Morin présente le conflit comme la résultante d’agitations révolutionnaires anarchiques. Il indique clairement qu’ «il ne fait aucun doute qu’un mouvement communiste dirigé parmi les bûcherons, tant de l’Ontario que du Québec, a été la cause directe » du conflit qui débute le 26 novembre 1933. De plus, Maxime Morin qualifie les chefs de la grève de « communistes vulgaires et de la pire espèce », puis il présente les bûcherons canadiens-français comme des adeptes faciles qui, sans réflexion, sont tombés dans le panneau. Par contre, le rapport de Louis Morin est peu bavard sur les agitations communistes. Les seules références à cette agitation sont faites à la toute fin de son rapport dans un post scriptum qui se lit comme suit :

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ANQ-O – P8,S1,SS1,SSS2,D12,P4
« Bien entendu, les communistes n’ont pas manqué de profiter du mécontentement des bûcherons pour les exciter et pêcher en eau trouble. Ces personnages indésirables avaient comme collaborateur un certain Lamarre, dentiste, qui ennuya beaucoup par ses discours les représentants de la Loi. Tous ces hommes, arrêtés pour ne pas s’être dispersés lors de la lecture de l’acte des Émeutes, m’ont déclaré n’y avoir rien compris. Et je crois absolument en leur sincérit ».

ANQ-O – P8,S1,SS1,SSS2,D12,P4

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Bien que les rapports offrent des vues différentes de l’implication du mouvement communiste au déclenchement de la grève, ils présentent tous deux les demandes des travailleurs. Les rapports des enquêteurs identifient clairement certaines défaillances dans le système de travail en vigueur à ce moment.
D’abord, au cours de cette saison, la compagnie fait appel à 38 entrepreneurs (jobber) qui ont la responsabilité de rassembler une équipe complète qui sera responsable d’effectuer la coupe du bois. Ces entrepreneurs sont payés par la compagnie et payent, à leur tour, leurs employés. Certains abus ont lieu à ce niveau et il est proposé qu’à l’avenir, les entreprises forestières effectuent elles-mêmes la coupe du bois.
Ils présentent aussi l’état pitoyable de l’aménagement de certains camps dans lesquels l’on entasse entre 30 et 60 personnes, alors qu’il ne peuvent en contenir autant. « Les bûcherons sont couchés, généralement, mais il y a exception, sur des lits faits en bois rond, recouverts de feuillage, et ils sont cordés les uns à côté des autres, ne pouvant même pas s’asseoir, le plafond du camp étant trop bas ».

ANQ-O – P191,SSc,D2
Il ressort aussi des deux rapports que les travailleurs se voient dans l’obligation de haler les billots sans attelage, ni chevaux. Cette pratique blesse gravement certains travailleurs qui développent des hernies.
Finalement, les rapports dévoilent les prix excessifs que doivent payer les travailleurs pour se procurer du matériel ou de la nourriture auprès de leur entrepreneur. Le rapport de Louis Morin indique que certains hommes ne peuvent acheter une cuvette, si nécessaire pour nettoyer leurs vêtements.
À la suite de la déposition de ces rapports à l’Assemblée nationale, de nombreux débats auront cours et le gouvernement du Québec étudiera un projet de Loi relatif aux opérations forestières et aux bûcherons.
Source sonore : Omer Lévesque : Collection Société historique de la région de Mont-Laurier, série témoignages oraux, ruban # 03
L’analyse de ces données permet de présenter les conditions de travail des employés de la Canadian International Paper Company pour la période de 1928 à 1952.
Tout d’abord, les statistiques présentent une grande variation dans le nombre moyen d’heures de travail hebdomadaire (E). Alors qu’il était de 54,76 en 1928, il chute à 40,21 en 1932, pour remonter graduellement en 1938 à 43,68, pour ensuite stabiliser dans les années suivantes autour du 53 heures par semaine (soit près de 9 heures par jour, 6 jours par semaine). Par contre, ces moyennes peuvent être trompeuses puisque certains employés travaillent beaucoup plus que d’autres. Les cas de L. Payment qui comptabilise plus de 90 heures de travail pour une seule semaine (15 heures de travail par jour, 6 jours par semaine) et d’ Émile Allard qui cumule 84 heures de travail laissent songeur.

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Ensuite vient la question de la rémunération. L’analyse de l’évolution du taux horaire moyen indexé révèle une situation désastreuse. Si le taux horaire moyen indexé était de 0,51$ en 1928, il chute considérablement en 1932 pour atteindre seulement 0,36$. Cinq ans plus tard, il sera de 0,53$, puis il augmentera de façon continue par la suite atteignant 0,60$ en 1942, 1,46$ en 1948, puis 2,26$ en 1952.
La conjugaison du nombre moyen d’heures de travail hebdomadaire ainsi que du taux horaire moyen indexé illustre l’ampleur de la crise économique. C’est ainsi qu’en réduisant le nombre d’heures de travail et le taux horaire, les travailleurs se retrouvaient en position difficile. Si leur salaire hebdomadaire moyen indexé était de 27,91$ en 1928, cinq ans plus tard, en 1932, il n’est plus que de 14,56$. En 1938, il n’a toujours pas atteint le niveau auquel il se situait avant la crise économique et se chiffre à 23,27$. En 1942, il atteint 32,19$, puis commence une montée vertigineuse qui le porte à 77,40$ en 1948, puis à 121,95$ en 1952.
Évolution du salaire horaire et du salaire horaire indexé (à l’année 1928) de certaines divisions de la Canadian International Paper Company, 1928-1952.
Évidemment, la situation n’est pas la même pour chaque groupe de travail au sein de l’usine. Comme le démontre le tableau 2, la crise affecte toutes les divisions et tous les travailleurs connaissent une baisse de salaire. Fait intéressant, ce seront par contre les employés les moins biens rémunérés qui atteindront ou dépasseront les conditions qui prévalaient avant la crise économique. Par exemple, les employés classifiés 03-02 atteignent un taux horaire moyen indexé de 0,37$ en 1938, soit 0,05$ de plus que ce qu’ils gagnaient en 1928, alors que les employés classifiés 13-01 n’atteignent que 1,54$ en 1938 alors qu’ils gagnaient 0,11$ de plus en 1928. Les statistiques présentent aussi une évolution importante quant à l’écart des salaires payés entre les mieux et les moins biens rémunérés : cet écart diminue considérablement et résulte d’une augmentation moins rapide du salaire des mieux rémunérés par rapport au moins bien rémunérés.
Dix ans après l’implantation de l’usine à Gatineau et de la construction des maisons qui allaient héberger les employés de l’usine, le conseil municipal de Gatineau prévoit la construction d’un système d’aqueduc et d’égouts dans la municipalité. Des négociations ont lieu entre la compagnie et le conseil municipal qui désire acquérir les égouts ainsi que le réseau d’aqueduc existant dans le quartier Town Site construit par la compagnie pour ses employés. Ce n’est qu’en 1946, que la municipalité deviendra propriétaite des rues, des égouts et du réseau d’aqueduc. Elle est dorénavant responsable de l’entretien de ces infrastructures. Elle entreprend rapidement la construction de trottoirs sur les rues Broadway et Canipco. De plus, l’usine accepte de vendre à la municipalité une partie de l’eau filtrée par son usine. Un accord est intervenu entre les deux parties et fixe le prix de mille gallons impérial à 0,07$. Ce taux sera renouvelé en 1957, alors que la compagnie et le conseil municipal renégocient certains aspects de leur collaboration.

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La présence de l’usine de la Canadian International Paper à Gatineau a attiré bon nombre de travailleurs spécialisés. Dans la mesure du possible et en priorisant toujours ses besoins, la compagnie collabore avec les autorités municipales pour que les qualifications de ces travailleurs soient aussi bénéfiques pour la municipalité en général. Par exemple, la compagnie autorise son chef pompier à inspecter les édifices scolaires et municipaux, mais s’abstient d’étendre ce service aux édifices commerciaux et résidentiels présents sur le territoire car se service nuirait aux tâches qu’il doit accomplir à l’usine.

Source tableau : Ville de Gatineau : G1-01c/298-1

Ville de Gatineau : G1-01c/910-4
En 1949, la municipalité prévoit la construction d’une centaine de résidences pour accueillir les employés des installations de la Canadian International Paper Company, de la Masonite Co., de la International Fiber Board et de la Plywoods Ltd. Cette démarche résulte du fait que près de 65% des employés des usines de Gatineau résident à l’extérieur de la municipalité et que nombre d’entre eux désirent habiter à proximité de leur lieu de travail. La municipalité consulte la Société centrale d’hypothèque et de logement « afin de se familiariser avec les conditions exigées par la société »
Pour la réalisation d’un tel projet. Peu importe le dénouement de ces démarches, le nombre d’habitants du village de Gatineau croît rapidement et triple en l’espace de treize ans, passant de 4 179 en 1947 à 12 741 en 1960.